...Dugain regarde donc Titien, et Matisse et Picasso. D'autres encore. Il brasse tout cela joyeusement, ce qui ne veut pas dire n'importe comment. Cet artiste venu de l'art abstrait le plus exigeant respecte trop la peinture pour la bousculer, mais il l'aime avec assez de naturel pour risquer avec elle quelques privautés décomplexées.
Ainsi sont les meilleurs jeunes peintres aujourd'hui : assez cultivés pour lire les anciens, assez spontanés pour les traiter en copains et se nourrir d'eux sans façon. A l'heure où la foule des gens de goût se presse au Grand Palais pour béer au garde à vous devant le déjeuner sur l'herbe, oubliant complètement la leçon qu'elle recèle, il est bon qu'un Yann Dugain -et quelques autres- vienne lui rappeler que la peinture se nourrit souvent d'irrespect complice et meurt parfois de révérence distante.
Jean-Luc Chalumeau |
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